L'ORIGINE DES EUROPÉENS REVISITÉE

La théorie concernant l'apparition des hommes dits ''modernes'' en Europe dont n’atteste aucune preuve archéologique, celle sur le berceau et l'invasion des Indo-Européens dans laquelle les données génétiques et archéologiques n’y corroborent en rien, ou bien la croyance simpliste de l'implantation tardive au Ve siècle des dialectes germaniques en Grande-Bretagne, sans oublier ce qu'on tient pour acquis sur l'origine du français et des autres langues romanes sont parmi les sujets qui méritent d'être sérieusement reconsidérés. Les preuves archéologiques et maintenant aussi les données génétiques, particulièrement au sujet du chromosome Y (lignée masculine*), ajoutées à l’onomastique et aux mythologies nous amènent à revoir sérieusement les dogmes établis qui entraînent des interprétations parfois saugrenues pour les maintenir en place. Ces hypothèses conduisent généralement à des impasses quand vient le temps d’expliquer leur apparition qui ne peut être soudaine et de nulle part mais nécessairement par continuum comme dans tout développement normal des choses. Pour trouver des réponses sans idées préconçues, il ne faut alors pas craindre de remonter plus loin dans le temps.

Je propose ici de nouvelles interprétations basées sur un cumul de données et d'observations qui exigent quelquefois de rendre compte de certaines technicalités afin de fournir des pistes parfois inédites et surtout négligées mais néanmoins beaucoup plus cohérentes. Il ne s'agit pas de faire la promotion de quelle qu'idéologie que ce soit mais simplement de rechercher des vérités tout en espérant ouvrir la voie à d'autres arguments et analyses sensées. 

*Dû au fait que les mâles se déplaçaient généralement en groupe alors que les femelles avaient souvent tendance à s'expatrier individuellement, certains singes ont le même comportement, probablement une façon innée d'éviter la consanguinité. Il est ainsi plus aisé de répertorier un haplogroupe de l'ADN Y qu'un haplogroupe de l'ADN mitochondrial.

Les humains viennent de trois continents insulaires

Ce qui constitue notre Terre étant en perpétuel mouvement, ainsi après l’extinction massive des espèces du Trias-Jurassique (il y a plus de 200 millions d’années), le supercontinent qu’était la Pangée se voit fracturé pour former des continents isolés, parmi lesquels ; l’Afrique, à laquelle l’Inde était encore liée, l’Extrême-Orient (Chine, Mongolie, Corées, sud-est asiatique) et, tout le reste de l’Eurasie incluant la Sibérie. Le climat étant alors plus tempéré sur l’ensemble de notre planète qu’aujourd’hui, c’est à cette époque propice que pourrait avoir commencé à prendre forme les ancêtres de la lignée humaine sur leur continent respectif ; les populations de race blanche dans le grand continent eurasien (d'où la diversité remarquable chez ceux qu'on appelle à tort les ''Caucasiens''), celles de race noire en Afrique et les Orientaux (race jaune) en Extrême-Orient. 

La bipédie, caractéristique essentielle qui distingue les primates du genre Homo se retrouve sur un sujet découvert en 2015 en Bavière datant de 11,62 millions d'années qu’on a nommé Danuvius guggenmosi. Ce serait le plus ancien ancêtre possible des hominiens  connu à ce jour. Étonnamment, il ne vient pas d’Afrique mais d’Europe, une région où pourtant contrairement au continent africain se conservent beaucoup moins bien les fossiles, les sols étant plus humides et acides.

Cependant, l'épisode de la crise de salinité messinienne entre 6 millions et 5,3 millions d'années est un facteur incontournable qui explique la réduction considérablement du nombre d'espèces vivantes que cela provoque en Europe. Il est alors possible que certaines espèces se soient réfugiées dans le nord de l'Afrique ou vers l'ouest de l'Asie.

Des primates s’ingénient une technique pour survivre

Ce n’est qu’à la fin du Pliocène, il y a environ 3 millions d'années que nos ancêtres adoptent un comportement qui finira par mieux nous définir. Le refroidissement du climat qui raréfie leur éventail alimentaire, autant végétal qu’animal, les incite à se déplacer davantage et à utiliser la pierre pour la rendre tranchante (galet aménagé) et ainsi permettre à ces hominiens de capturer de plus grandes proies. Il y avait alors des espèces apparentées qui vivaient sur les différents continents; Paradolicopithecus principalement en Europe mais aussi en Asie (Eurasie), Procynocephalus surtout en Asie mais également en Europe et le plus connu, Australopithecus en Afrique. Il est plausible que durant cette période se développe le langage à partir de l'expression d'onomatopées qui deviendront significatives pour engendrer la création du vocabulaire de chacune des ethnies.

En Europe du sud-est, il y a environ 2 millions d'années vivait une espèce qui n’est pas encore reconnue, Homo Olteniensis, et pourtant, ce qui a été découvert en 1962 ressemble bien à des ossements du genre Homo, soit deux fémurs et un tibia. Serait-ce qu’on ne veut pas que cette découverte ébranle les colonnes du temple des théorie établies ?

Le sud de l’Europe a révélé des fossiles datant de moins de 1,5 millions d’années, d'une part en Europe occidentale; en Italie (Pirro nord) et en Espagne (Orce), et d'autre part en Bulgarie (Kozarnika). D'où sont originaires ces spécimens? Les archéologues ne le savent pas avec certitude. Toutefois, de nos jours la génétique de la partie occidentale est dominée par l'haplogroupe R de l'ADN - Y alors que dans les Balkans c'est l'haplogroupe I qui tient le haut du pavé. C'est un excellent indicateur des groupes humains qui y ont séjourné sur une très ancienne et très longue période.

Par la suite, après l'Acheuléen, une culture apparemment venue d'Afrique qui succédera de -700 000 à -200 000 ans, se manifestera celui qu’on a appelé Néandertalien, d’après le nom d’une vallée en Allemagne où il a d’abord été découvert. Il utilisait pour sa part l’industrie lithique se rapportant au Moustérien et son aire de distribution ressemble étrangement à celle de l’haplogroupe G (ADN-Y), dans les deux cas on constate que les régions montagneuses ont souvent été privilégiées. Cet haplogroupe G caractérise aujourd’hui principalement les peuples du Caucase. L’Homme de Néandertal n’a pas disparu, comme il avait auparavant lui-même assimilé ses prédécesseurs, il a tout simplement été à son tour assimilé aux nouveaux venus arrivés ultérieurement, ce point est de plus en plus admis. Peut-être même que sa langue est en fait le substrat d'un isolat de l'indo-européen qu'est le grec. La Grèce n'ayant pas eu d'habitants de façon continue avant les Néandertaliens, ces derniers étant possiblement les prédécesseurs immédiat des Indo-Européens de cette région. 

Récemment, des fragments d'un crâne découverts au Maroc (Djebel Irhoud) ont été datés de 300 000 ans, ce serait le plus ancien d’un Homme dit moderne, alors qu’en Europe on commence maintenant à reconnaître que le plus ancien fossile du même genre a 210 000 ans, il provient de la grotte d’Apidima en Grèce. Toutefois, si l’on regarde de plus près le crâne qu’a révélé en 1960 la grotte de Petrálona, on peut y voir beaucoup de ressemblances avec ceux précédemment mentionnés. On a longtemps hésité avant de lui attribuer une espèce. Le problème est qu’il est vieux de plus de 700 000 ans (certains n'admettent pas plus de 250 000 ans...), c’est dérangeant pour la communauté scientifique et sa doctrine qui dit que l’homme anatomiquement moderne vient d’Afrique alors qu’on ne sait même pas avec une relative assurance quand il aurait effectué sa sortie puisque la date est continuellement repoussée par de nouvelles découvertes.

Il faudra bien un jour admettre qu’il n’y a pas eu de colonisations de masse en Asie et en Europe en provenance de l’Afrique. Les traits archaïques des humains (os frontal, os occipital, mandibule) se sont tout simplement modernisés et le volume crânien s’est accru sur une longue période, peut-être entre autres à la suite de croisements entre différentes populations. La seule invasion d'importance venant d’Afrique s’est produite vers la fin du Paléolithique inférieur lorsque l’Acheuléen avec ses galets taillés sur deux faces, les bifaces, et surtout ses hachereaux ont fait leur apparition dans la péninsule ibérique, puis ensuite dans le sud de l'Europe. On peut associer la génétique de ses artisans principalement à l’haplogroupe E de l’ADN - Y, originaire du continent africain. Le seul autre haplogroupe de lignée masculine venant d’Afrique que l'on peut remarquer en Europe mais de moindre importance est l’haplogroupe T, peut-être lié à l’Uluzzien (moins de 50 000 ans), une culture que l'on ne retrouve pratiquement qu'en Italie. En somme, sur les 20 haplogroupes de base que compte l'ADN - Y (de A à T) seulement quatre sont africains, ce sont les haplogroupes A, B, E et T, bien que l'on tente régulièrement d'arrimer les interprétations de la génétique avec la théorie du Out of Africa en affirmant que les haplogroupes descendent d'un haplogroupe les reliant tous, suivi de sous-groupes; par exemple HIJK aurait produit IJK qui lui aurait donné naissance à IJ, avant d'en arriver à des haplogroupes individuels I et J, ce qui n'a jamais été identifié autant dans la population moderne que sur des fossiles.

Des Bourouchos aux Basques

L’haplogroupe du chromosome Y le plus fréquent en Europe est l'haplogroupe R, il est subdivisé en R1b à l’ouest et en R1a à l’est. Il ne serait pas originaire du continent européen, mais plutôt de l’Asie où on le trouve aussi en importante densité. Il a en effet été reconnu ces dernières années par un généticien pakistanais que c’est chez les Basques que la génétique des Bourouchos offre le plus de similarités. Les Bourouchos, un peuple du nord du Pakistan, montrent une grande variété de l’haplogroupe R, alors que les Basques possèdent la plus importante concentration du R1. Ce même haplogroupe R s’est répandu jusque dans le nord-est de l’Amérique où les peuples algonquiens en sont essentiellement les porteurs. Ils auraient pris avantage des banquises du dernier maximum glaciaire pour traverser l'Atlantique, il y a donc plus de 20 000 ans, bien que l’Amérique aurait d'abord été habitée par un premier groupe associé à l’haplogroupe Q, présent sur ce continent depuis au moins 100 000 ans auparavant. Cet haplogroupe Q qu'on retrouve également chez les populations de certaines régions longeant le fleuve Ienisseï en Sibérie est le plus commun parmi les autochtones d'Amérique.  Il est important de comprendre qu'en génétique, contrairement à ce qui est encore généralement entendu, plus un haplogroupe sur un territoire donné est ancien et plus il a eu le temps de se propager dans la population de référence. 

L'archéologie nous fournit la preuve que la vie humaine est présente au nord de l'Inde et au nord du Pakistan depuis 1,9 à plus de 2,7 millions d'années. Les sites de Riwat au Pakistan et de Masol en Inde ont en effet révélé des traces de découpes sur des os d'animaux de même que des galets aménagés de type Oldowayen datant de cette période. Ce sont parmi les plus anciens du monde.

Du point de vue linguistique, le bourouchaski et le basque présentent des traits communs parfois rares malgré la grande distance entre les deux ainsi que la période très ancienne (Paléolithique inférieur) durant laquelle je suggère leur séparation, par exemple ce sont deux langues ergatives, à la numération vigésimale et les deux sont de typologie syntaxique SOV (sujet-objet-verbe). Les traits grammaticaux sont généralement ce qui est le moins altéré au fil du temps dans une langue en contact avec d’autres. On ne peut qu’arriver à conjecturer que les ancêtres des Basques représenteraient le plus ancien peuple à s’être répandu en Europe, bien avant ce qu’on nous suggère, leur haplogroupe R prépondérant en témoignerait, de même que l'hydronymie européenne*. Cela ne signifie pas pour autant  qu'ils ont été les premiers à occuper une portion du continent.

*La toponymie de l'Europe compterait d'innombrables noms de cours d'eau qualifiés de pré-indo-européens (pré-celtique, pré-germanique et pré-slave) se déclinant par exemple comme suit : Ise, Ik, Isch, IJse, IJssel, Isel, Isère, Yser, Oise, Voueize, Wiese, Ouysse, Wiske, Iskar, Isar, Isarco, Jizera, Usora, Ésera, Weser, Vézère, Vishera, Eure, Our, Ourcq, Orco, Orge, Ource, Ourse, Ourthe, Oust, Ouse, Ousse, Ouche, Aso, Ausa, Ose, Osse, Oufa, Oka, Usa, Uzh, Ash, Asseen, Aa, Yeo, Eo, Ouï, Uy, Aï, Eea, Eau, Aar, Ara, Aare, Aer, Ahr, Ayr, Yar, Yare, Aire, Yerres, Yères, Eyre, Era, Erro, Ur, Ure, Urr, Ury, Aray, Aure, Auroue, Oria, Ohre, Ore, Oare, Var, Vara, Viar, Viaur, Vire, Vère, Voire, Voer, Wear, Werra,... tout comme les toponymes Orsay, Orce, Orcq, Ossé, Ossès, Ussac, etc. dérivant d'anciennes racines basques donnant aujourd'hui erreka « ruisseau », isuri « couler » ou « verser », ainsi qu'ur « eau ».

En ce qui concerne le nom des Basques, il se retrouve sur des distances très éloignées parrapport aux flancs des Pyrénées où ils résident de nos jours. Par exemple, les Bachkirs en Russie ontnon seulement une génétique analogue à celle des Basques avec l’haplogroupe R1b, ce qui est exceptionnel sur cette partie du globe, maistout comme dans la région franco-cantabre on y retrouve chez eux de l’art pariétal, entreles deux régions il n’y a que la Roumanie qui a révélé quelques œuvres du même genre, et peut-être aussi le Val Camonica où l'art rupestre est cependant beaucoup plus récent (Mésolithique). Les Camunnes du Val Camonica tout comme leurs voisins rhètes, les Isarces, étaient vraisemblablement d'origine ibérique** telle que semblent l'indiquer soit leur génétique (avec l'une des plus importantes concentrations du R1b - S28) ou soit l'étymologie de leur ethnonyme (voir Isar plus haut dans hydronymie européenne). R1b se rencontre aussi chez les Bakhtiari en Iran (desquels on peut sedemander si l'élamite n'était pas leur langue), ainsi que dans les régions occidentales de la Bactrie historique, surtout vers la Margiane.

**Ibères et Basques sont sans doute de même origine, c'est ce que suggère ce qu'on connaît des mots courants tels que ceux de la numération de l'ibère et du proto-basque. 

Des Basques semblent donc avoir quitté l’Europe pour retourner vers l’est, les datations des vestiges de la culture rostamienne en Iran et de la grotte de Kapova en Bachkirie concordent avec le début du Paléolithique supérieur. Il est donc possible qu’à l’arrivée consécutive de peuples proto-somalis de la corne de l’Afrique (haplogroupe T, Uluzzien), des Indo-Européens des Balkans (haplogroupe I, cultures de transition) puis de peuples proto-sémitiques du Levant (haplogroupe J, Aurignacien) ils aient fuient l’Europe dans différentes directions vers des contrées moins convoitées. Ils auraient par ailleurs fait une incursion là où sont parlées aujourd’hui les langues tchadiques en Afrique, où on y retrouve de nos jours une forte concentration de l'haplogroupe R1b, peut-être en lien avec l'Atérien, une culture répandue jusque sur les rives du lac Tchad.


Les cultures de transition vers -40 000 à l'origine des principaux groupes de l'indo-européen

Les Principales cultures vers -45 000

L’origine balkanique des Indo-Européens

Il semble de moins en moins évident et même accepté qu'homo sapiens soit arrivé en Europe avec le début du Paléolithique Supérieur. On remet cette hypothèse de plus en plus en cause, fort probablement qu’il n’y a jamais eu d’hommes modernes mais tout simplement des mélanges d’hommes plus ou moins archaïques d’origine variée qui ont produit les différentes nations européennes. Un élément qui apparaît de plus en plus sûr, c’est que les langues que nous parlons aujourd’hui sont beaucoup plus anciennes que ce qui nous est habituellement rapporté.

Le Paléolithique Supérieur amènera quelques vagues d’hommes en Europe ce qui forcera le replie du principal groupe occupant le continent, soit celui des ancêtres des Basques qui n’avait eu de contact qu’avec quelques rares groupes exogènes au cours des centaines de milliers d’années précédentes, ces proto-bascophones se voient contraints de n’occuper plus que les vallées occidentales des Pyrénées et la Gascogne. La plupart de leurs congénères étant peu à peu assimilés aux migrants et en particulier à la grande vague des Indo-Européens.

Les divisions entre les groupes de langues de l’indo-européen se seraient produites au plus tard dès le début du Paléolithique supérieur (- 45 000 ans) alors qu'au nord des Balkans, les premiers contacts entre Proto-Indo-Européens et Proto-Basques (et/ou autres Non-Indo-Européens) auraient eu lieu durant la période du Micoquien ou Keilmessergruppen (env. - 130 000 ans) pour donner naissance aux cultures de transition. La première de ces cultures aurait pris forme avec le Babonyien dans le massif du Bükk en Hongrie et possiblement autour de Korolevo en Ukraine. Le Babonyien dont les connaissances nous sont encore fragmentaires est une culture qui remonte au SIO 5 (stade isotopique de l’oxygène 5) soit entre –130 000 et -70 000 ans et se poursuit avec une variante, le Szélétien qui s’étend vers les régions avoisinantes. À l’ouest, l’Altmühlien ou Blattspitzen gruppen est une acculturation du sud de l’Allemagne qui va évoluer vers le LRJ (Lincombien-Ranisien-Jerzmanowiciendu sud de la  Grande-Bretagne jusque dans le sud de la Pologne, en passant par l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. À l’est, c'est une autre culture de transition, le Sungirien-Kostenkien (aussi appelé Streletskien) qui se développera principalement en Russie, il sera suivi par le Gravettien qui semble en partie s’être étendu ensuite jusque vers le Lac Baïkal en Sibérie où on y retrouve une nouvelle manifestation culturelle possédant aussi des statuettes (vénus paléolithiques), c'est la culture de Malta Buret. Ces cultures ont la caractéristique de comporter des pointes foliacées qui se transmettront dans les cultures subséquentes du Paléolithique jusqu'à l'Épigravettien. C’est le prélude respectivement des peuples slaves en Europe centrale (Szélétien), des peuples germaniques en Europe occidentale (LRJ) et des peuples indo-iraniens en Europe orientale (Sungirien-Kostenkien). Par l'effet de leur substrat respectif, l'altération précoce de la langue de chacun de ces trois groupes expliquerait leur distinction de l'indo-européen commun alors encore rattaché à son berceau des Balkans.

Au sud-ouest de la France, le Châtelperronien a quant à lui la particularité de présenter des pointes à dos courbe abattu distinctes des autres cultures de transition de la même période. Une découverte récente des plus significatives est celle de pointes analogues au Châtelperronien datées de plus de 47 000 ans dans la grotte de Bacho Kiro en Bulgarie. Plus tard, le Magdalénien et l'Azilien révéleront également d'autres types de pièces à dos courbe dans la même région que le Châtelperronien. Ce dernier représente possiblement une première tentative de peuplement indo-européen ou proto-celtique dans cette région, puisque d’après le nombre supérieur des sites aurignaciens qui viendront ensuite dans l'ouest européen, cela suggère que ceux-ci auraient submergé leurs prédécesseurs Châtelperroniens. Quant au Vasconien, il nous propose que les Proto-Basques se seraient réfugiés au Pays basque et en Gascogne dès -43 000 alors qu’ils occupaient auparavant tout l’ouest européen pendant le Moustérien de tradition acheuléenne (MTA type B). 

Les ancêtres des Proto-Celtes apparus définitivement avec le Gravettien sont le dernier des quatre grands groupes de l'indo-européen (balto-slave, indo-iranien, germanique, celtique) à avoir émergé, c'est pour cette raison que la génétique de leurs prédécesseurs demeure  dominante comparativement aux trois autres groupes, c'est en fait les plus ''basques'' de sang de tous les Indo-Européens alors que cependant leur langue s'étant répandue plus récemment, elle serait la plus apparentée à l'indo-européen commun dont les traces nous seraient parvenues à travers le latin qui les a le mieux préservé. Le latin a de toute évidence ce qu'il faut pour être le descendant direct du proto-indo-européen.

Le Gravettien, la culture qui change toute l'Europe

L'Aurignacien (-39 000 à -28 000) est une culture venue du Proche-Orient où des gisements similaires de l’Ahmarien ancien ont été mis-au-jourEn ce qui le concerne, il y a peu de doutes que l’haplogroupe J1 lui est associé alors que le J2 serait une seconde vague plus tardive venue du Proche-Orient pour transmettre la révolution Néolithique et promouvoir la notion du troc à l'origine des échanges commerciaux. L’haplogroupe J provient des peuples sémitiques. Les sites aurignaciens sont particulièrement abondants dans l'ouest européen et près du Danube.

Quant à la grotte de Kozarnika en Bulgarie, elle est la plus ancienne comportant des assemblages lithiques du Gravettien. Il est à noter que le Gravettien (pointe de La Gravette et microgravette) a révélé son industrie lithique là où sont aujourd’hui parlées des langues indo-européennes et ce, jusqu'en Sibérie. Cette culture est également celle qui a produit les Vénus du Paléolithique, ces petites statuettes dont le nom pourrait se rapporter au Danube, et puis aussi à d’autres fleuves comme le Don, le Dniestr et le Dniepr, possiblement en l’honneur de la déesse Dana, Ana ou Danu dont les attributs sont généralement liés à l'eau, symbole de fertilité et d'abondance. La découverte en 2008 de la Vénus de Hohle Fels  en Jura souabe datée de près de 40 000 ans (donc avant l'Aurignacien) montre bien que les cultures de transition ont un lien avec le Gravettien. Plusieurs millénaires plus tard, un peuple de la mer, les Dananéens ou Denyens tiendront également leur nom de cette déesse. Le Gravettien ainsi que l’haplogroupe I occupent à peu près les mêmes territoires à l’exception de la Scandinavie qui était complètement recouverte de glace jusqu'à environ 12 000 ans avant notre ère. 

Par la suite, le dernier maximum glaciaire fera en sorte qu’il n’y aura que la moitié sud de l’Europe qui sera habitée en permanence. Les populations refoulées se mélangent sans apparente discorde, est-ce dû à une certaine homogénéité ? Le caractère celtique de la France semblerait à la base être le résultat d'une première fusion proto-germanique du nord venu se mêler au peuplement proto-celtique, ce qui produira le Solutréen, une culture avant-gardiste dans sa technologie. Lorsque le climat commence à s’adoucir, des groupes regagnent les territoires qu’ils avaient dû fuir au moment où s’amorçait le refroidissement climatique.

Le Magdalénien (-15 000 à env. -12 000) originaire du sud-ouest européen sera la première des cultures dont le faciès conquerra les territoires qui avaient été abandonnés durant le dernier maximum glaciaire. Il donnera naissance à la culture azilienne et groupes à Federmesser, c’est la période de l’azilianisation (protoceltisation) d’une partie de l’Europe. Dans l’ouest des Îles Britannique on y reconnaît ainsi le Creswellien, aux Pays-Bas le Tjongerien, en Italie le Romanellien, en Roumanie le Clisurien, jusqu'en Crimée et au nord du Caucase où a été identifié le Shankobien, toutes des cultures qui sont issues du Magdalénien. Toutefois, une autre entité culturelle participera à la course pour la conquête du nord, vraisemblablement à partir de l'Épigravettien du centre de l’Europe (peut-être du groupe Kammern-Grubgraben) pour s'établir autant vers l’ouest, soit au sud de l’Écosse par exemple, où on a retrouvé un site de la culture de Hambourg (-13 500 à -11 300), que vers la Pologne, en passant par les Pays-Bas, et enfin le sud de la Suède. Cette culture proto-germanique, le Hambourgien, est suivi par la culture de Bromme en Scandinavie et par l’Ahrensbourgien qui s’étend vers l'Angleterre alors reliée au continent. Par ailleurs, viendront aussi les Proto-Slaves qui sont les protagonistes du Swidérien que l’on reconnaît surtout en Pologne, en Biélorussie et dans l'ouest de l'Ukraine. Ce sont les auteurs de ces cultures qui fournissent le portrait génétique et linguistique principal de l'Europe que l'on connaît aujourd'hui. 

Selon les données de la génétique, cela se traduit par l’haplogroupe I2a2 pour les groupes germaniques d’origine, alors que l’haplogroupe I1 est celui des peuples essentiellement germaniques ayant migré en Scandinavie. Une mutation génétique s'est produite principalement chez les porteurs du I2a2, puis du I1, comme pour le monde animal (ours, renard, lemming, hermine, lièvre), les habitants du nord ont la peau, les yeux et les cheveux dont la pigmentation a pâli, un effet produit par leur milieu climatique. Chez les Celtes, l’haplogroupe R1b domine, alors que du côté des peuples balto-slaves et indo-iraniens l’haplogroupe R1a est celui qui est le plus déterminant. Il semble indéniable que plus longtemps un groupe a été présent sur un territoire et plus ses marqueurs génétiques prennent de l’importance. Ainsi, puisque les Basques sont les premiers à avoir occupé l'essentiel du territoire européen, leur haplogroupe est celui qui prédomine sur la majorité du continent. Les Indo-Européens quant à eux, sont comme leur haplogroupe I, les seuls originaires de ce même continent mais ils n’ont essaimé que tardivement les différentes régions de l’Europe.

La pseudo invasion des Indo-Européens sur leurs chevaux à partir de la steppe pontique n’est qu’une fabulation. Encore une fois, la période à laquelle on les fait arriver (Chalcolithique) n’est aucunement appuyée par l’archéologie. Il n’y pas eu de bouleversements culturels sur l’ensemble de l’Europe au cours de l'Âge du cuivre, période de la domestication du cheval (culture de Botaï) ou même plus tard qui aurait pu fournir le moindre soupçon. Il n’y a qu’une seule possibilité, les Indo-Européens sont en Europe depuis bien plus longtemps qu’on le propose*. Ceci nous ramène à une seule période où une culture qui s’est répandue partout en Europe aurait pu faire émerger une même famille linguistique. Cette période précède la dernière glaciation qui verra les habitants de l'Europe être condensés sur un territoire plus restreint. En fait, la dernière culture qui aurait permis que les langues que nous parlons encore de nos jours ne soient pas remplacées est la culture gravettienne qui a laissé des traces de la Sibérie à l’Atlantique, et de la Méditerranée à la mer du Nord alors sur la terre ferme. Les cultures qui lui ont succédé en sont pratiquement toutes des dérivées avec notamment l'Épigravettien.

*L'archéologue Marcel Otte soutient quant à lui la thèse que ''les Indo-Européens sont arrivés en Europe avec Cro-magnon'' dans ; Aires linguistiques, Aires culturelles. Études de concordances en Europe occidentales : Zones Manche et Atlantique. 2012

Entités culturelles au XIIe millénaire av.J.C.

            Flèches noires : Azilianisation (Proto-celtisation) d'une partie de l'Europe                                                         Pointillés noirs : Migration subséquente vers l'Arménie (Trialétien à partir de -9 500)                                    Pointillés rouges : Migration subséquente des Proto-Slaves vers -11 000 (Swidérien)                                      Pointillés jaunes : Migration subséquente des Proto-Germains vers -9 000 (Beuronien)                                Pointillés violets : Les Proto-Hittites et leur apport au PPNB vers -8 900                                                             Pointillés bleus : Migration subséquente des Cimmériens vers la Russie au Néolithique                                 

  L’Écosse, berceau germanique du Royaume-Uni

Le sujet de l’implantation de l’ancêtre de l’anglais en Grande-Bretagne est souvent simplifié à la venue des Anglo-Saxons sur cette île. Il faut toutefois savoir que les Îles Britanniques ont longtemps été rattachées au continent par ce qui a été appelé le Doggerland avant que la mer du Nord ne fasse son apparition. Ce n’est que vers -6 000 ans que la Grande-Bretagne passe de presqu'île à île à la suite des glissements de terrain de Storegga.

Alors que la Manche n'existait pas encore, une culture typique à la Bretagne (essentiellement le Finistère) fait son apparition, c'est le groupe de Bertheaume (-8 200 à -7 500). L’ADN – Y des résidents de cette région nous montre qu'il est similaire à celui de la majorité des habitants de l’ouest des Îles Britanniques avec en l’occurrence l’haplogroupe R1b - L21. Si l'on se fie aux entités culturelles et à la génétique, l'ancêtre de la langue bretonne se serait donc implanté en Gaule bien avant ce que l'on croît. Ce n'est toutefois que durant le Téviecien (-6 100 à -5 300) qu'il aurait été parlé dans le Morbihan et une partie des Côtes-d'Armor. Le Téviecien montre la même répartition que la Bretagne bretonnante où la concentration de l'haplogroupe R1b-L21(S145) culmine sur le territoire de la Bretagne.

Ce qui est par ailleurs étonnant, c’est que les recherches sur la génétique ont révélé que dans le sud de l’Écosse et en Irlande du Nord un haplogroupe plutôt rare et ancien ne se retrouve en aussi grande quantité que dans le centre de l’Allemagne et dans le nord de la Suède, c’est l’haplogroupe I2a2, auparavant dénommé I2b. Nous savons d’autre part, que le plus ancien site archéologique post-glaciaire d’Écosse est lié à une phase du Hambourgien, le groupe de Havelte (12 000 ans avant notre ère). Des pointes de Havelte ont aussi été découvertes au nord de l'Allemagne ainsi qu'aux Pays-Bas, d'où vient son nom. Il est possible que des individus aient navigué sur l'Elbe qui aurait afflué ou dont un affluent se serait déversé dans l'estuaire Firth of Forth avant la montée des eaux qui ont formé la mer du Nord. 

De plus, l’histoire nous mentionne un peuple d’Écosse originaire de l’Irlande du nord, les Scots, que l’on dit celtique alors que la langue qui est aujourd’hui appelée le scots est une langue germanique... Rien ne prouve que les premiers Scots connus s’exprimaient dans une langue gaélique et pourtant on continue à véhiculer cette supposition. Le nom même des Scots ne s’explique pratiquement que par le germanique, en effet skauti signifie ‘’hauteur ‘’ ou ‘’pente’’ dans cette proto-langue ce qui pourrait correspondre au relief de la majeure partie de l'Écosse.

Du côté de l’Angleterre, la génétique nous fournit l’information que l’haplogroupe principal  est le R1b – S21, le même qu’aux Pays-Bas et de même importance, il est également très présent en Autriche, peut-être depuis l'époque de la culture du groupe d'Oberlauterbach  (-5 000 à -4 600) ou même avant, conséquemment à la disparition du Doggerland qui aurait pu contraindre à éloigner ses habitants de part et d'autre des rives de la Manche lors de l'émergence de celle-ci. Ainsi, les ''Celtes''* de l'ouest du Royaume-Uni sont initialement associés au Creswellien aussi appelé Magdalénien britannique (-13 000 ans) et à l’haplogroupe R1b – L21 tandis que les habitants de l’Angleterre à des variantes de l’Ahrensbourgien (-11 000 ans) et à l’haplogroupe R1b – S21, ces derniers seraient alors des Proto-Celtes hâtivement germanisés à partir des Pays-Bas puisqu'une culture proto-germanique, le Hambourgien, y était présent de même qu'une culture proto-celtique, le Tjongérien. Les entités culturelles subséquentes montrent que ce sont les cultures associées aux Pays-Bas, à la Germanie et à la Scandinavie qui y prédomineront. 

*Le terme ''celte'' vient du grec keltoi (Hérodote), il désignait ceux que les Romains appelaient les Gaulois (continentaux) et non les habitants des Îles Britanniques. Ce n'est qu'au XVIIIe siècle que les Français ont commencé à l'utiliser en référence à la Bretagne, puis par extension il a été employé en référence aux Îles Britanniques. 

La toponymie anglaise nous révèle très peu de noms dont l’étymologie s’expliquerait par le celtique, il en est de même aux Pays-Bas. Comme rien ne témoigne non plus du point de vue archéologique qu'il y ait eu colonisation de masse, il est ainsi plus sensé d’énoncer que les Proto-Frisons qui auraient habité les terres des Pays-Bas jusqu'au coeur de l’Angleterre y ont implanté leur langue germanique avant l’apparition de la Manche au Néolithique. Le vieil anglais est par ailleurs plus proche du vieux frison que du vieux saxon.  L'anglais n'est donc pas une langue qui vient des Anglo-saxons, bien qu'il en a été influencé, comme il l'a  ensuite été par les dialectes du vieux norrois des Vikings. Ainsi donc, déjà depuis l'Antiquité  le proto-anglais s'est imposé dans les Îles Britanniques comme lingua franca chez les nouveaux arrivants aux diverses langues germaniques du nord-ouest européen. Les Romains n'ayant par ailleurs pas hésité à y installer parmi les autochtones des troupes auxiliaires de langue germanique comme des Bataves, des Tongres, des Frisons et des Ménapiens.

Certaines prédispositions, comme l'invariabilité des adjectifs qualificatifs qu'on peut remarquer dans les langues germaniques a permis une transition vers la simplification de la grammaire anglaise puisque le genre d'un même nom pouvait différé d'une langue germanique à l'autre, il n'y avait alors pas de conséquence à éliminer les genres pour favoriser l'intercompréhension, comme cela se manifeste dans le néerlandais oral et dans l'afrikaans. On peut également remarquer dans l'anglais moyen la tendance des langues scandinaves à réduire les conjugaisons, les Vikings ayant eu une forte ascendance sur l'Angleterre dans le Danelaw

L'anglais moderne est si différent du vieil anglais que tout comme pour les langues romanes par rapport au latin, l'intercompréhension entre les générations aurait pratiquement été impossible tellement il a évolué en aussi peu de temps. Ce qu'on connaît du vieil anglais écrit présente une syntaxe fort distincte qui ne pouvait provenir que d'un dialecte germanique du continent. Il est évident que ce n'est pas représentatif de la langue qui était alors d'usage en Angleterre. Il reste donc à y voir que le proto-anglais était déjà présent en Angleterre lorsque les Angles et les Saxons ont traversé la mer du Nord pour y accoster, par le fait même la langue qui y était alors parlée devait être bien plus proche de l'anglais contemporain que ce que l'on connaît de l'anglais écrit du Moyen Âge. 

Les Sardes, un cas plutôt unique 

Il vaut la peine de s’attarder un peu sur ce qui caractérise les habitants de la Sardaigne. Alors que le dernier maximum glaciaire battait son plein, des populations des Balkans auraient pris le large possiblement à partir du détroit d'Otrante au sud des Alpes dinariques pour s’arrêter sur une grande île qui jusque-là était inhabitée. L’archéologie nous démontre effectivement à ce jour que la Sardaigne n’a été occupée que depuis moins de 20 000 ans. Quant à la génétique, l’haplogroupe I2a1 dont la densité maximale se trouve dans les Balkans (en particulier dans les Alpes dinariques, une région demeurée inhabitée jusqu'à l'Épigravettien) est également très abondant en Sardaigne, c’est en fait le seul endroit hors de la région balkanique où il est aussi commun. Un des peuples de l'Illyrie était connu sous le nom de Sardiates, selon ce que nous rapporte Pline l'Ancien. La langue sarde est d’autre part reconnue comme étant une langue romane archaïque, la plus apparentée au latin, ce qui appuie d'autant plus ma thèse que le latin vient des Balkans, nous verrons un peu plus loin certains arguments qui militent en ce sens. 

Sur le continent, le peuple des Sardones établis près de Perpignan étaient sans doute d’origine sarde, leur nom en fournit une bonne indication. Du point de vue génétique, c’est dans cette région qu’on y rencontre l'une des plus hautes densités de l’haplogroupe I2a1 de la France continentale ! 

Répartition des haplogroupes prédominants de l'ADN-Y depuis au moins 7000 ans

Répartition des haplogroupes dominants depuis 7 000 ans

Provenance des haplogroupes :   I1 et I2a1 des BalkansN des monts Oural, R (R1a et R1b) du                                                                        nord du Pakistan, E d'Afrique, J1 et J2 du                                                                                                            Levant, G du Caucase                                                                                   

Débuts du Néolithique et les Gaulois au Levant

Outre les peuples sémitiques, les Indo-Européens d’origine proto-gauloise ont une présence génétique très importante au Levant. On y retrouve des régions comme la Galaunitide, la Galaad et la Galilée dont la dénomination rappelle la Gaule, un nom issu du gaulois gal  signifiant  ''valeureux'', ''vaillant''. Goliath est aussi un nom indo-européen et ''Palestine'' provenant des Philistins desquels faisait partie Goliath est une dénomination dont la racine est apparentée à Palaïte ou Peleset (Pélasges) , un peuple d’Anatolie vivant aux côtés des Hittites eux-mêmes mentionnés dans la Bible hébraïque. Quant à Ésus, c’était le nom d’une divinité gauloise, il s’apparente à celui de Jésus, probablement l’un des nombreux    témoignages du syncrétisme religieux qui a prévalu. La Galilée d'où est originaire Jésus de Nazareth est une région peuplée de son temps par de nombreux Gentils, c'est-à-dire des non-Juifs. Jésus n'était donc pas forcément d'origine juive.

En Égypte, la XVe dynastie était dirigée par les Hyksôs qui étaient fort probablement des Indo-Européens, probablement des Scythes, un nom ayant plusieurs variantes; Sakas chez les Perses, Skuthes chez les anciens Grecs et Izkuzai chez les Assyriens. De plus, Beït Shéan, anciennement Scythopolis est une très ancienne ville d’Israël. Les Scythes ne sont pas à confondre avec les Sarmates, il est donc loin d'être sûr que les Scythes aient été de langue indo-iranienne, ils pouvaient très bien être des locuteurs d’une langue slave, les Scythes étant à l’origine assurément européens. Dans l'est de la Germanie, en Saxe, ils auraient été voisins des Angriens (ou Angliens) auxquels ils auraient pu se mêler pendant la période des amphores globulaires (env. -3 000), l'alliance aurait pris le nom de Saces puis Saxons, une appellation plus récente que celle de Scythes. La génétique slave est par ailleurs marquante dans l'est de l'Allemagne. Quant aux Kurdes, un peuple indo-iranien, leur ethnonyme dérive de celui des Hourrites de la proto-histoire et ils seraient apparus dans le paysage du Kurdistan durant la période très ancienne de la culture zarzienne (–18 000 à -10 000). La délimitation de l'haplogroupe R1a dans cette région est pratiquement identique à celle des kurdophones.

Les Hittites et autres Proto-Celtes comme les Daces, les Cimmériens, les Tokhariens, les Palaïtes et les Louvites* seraient tous issus des cultures provenant de l'Azilien. Très tôt, certains d’entre eux ont traversé l’Anatolie (Turquie), ils pourraient être à l’origine du PPNB (Néolithique précéramique B) qui coïnciderait avec leur arrivée dans la région du Croissant fertile. Cette période suit celle de l'azilianisation mentionnée précédemment. Des Dahae ou Daces, eux, auraient poursuivi leur route pour s’établir à l’est de la mer Caspienne,  possiblement depuis l’époque qui a suivi, soit celle de la culture de Djeitun (-7 200 à -4 500 ans).

*Les Palaïtes ou Palaïques dont la dénomination en langue celtique en Q (également en latin) produirait Callaeci, Callaïques ou Gallèques, tout comme le peuple celte d'Ibérie qui a donné son nom à la Galice. Quant au terme désignant les Louvites, puis les Lydiens et Lyciens, un parallèle peut être établi avec celui des Lusitaniens, les ancêtres celtes des Portugais.

On nous fait croire toutes sortes de choses sur le mégalithisme, mais rien ne montre que cette tradition ait été exportée de l’est vers l’ouest, au contraire, elle semble avoir suivi le même corridor qu'ont emprunté les aïeux des Hittites et des Cimmériens. Non seulement les mégalithes de l’est européen seraient plus récents que ceux de l’ouest, mais également les sites des cultures archéologiques issues de l'Azilien attesteraient de la direction de ce passage selon leur chronologie. L’haplogroupe R1b suit la même répartition, il est plus dense près des côtes de l’Atlantique et se réduit en un couloir au fur et à mesure qu’on regarde vers l’est de l’Europe pour ensuite gagner à nouveau en importance en direction de l’Asie centrale. Ce qui suggère que leurs porteurs seraient partis de l’ouest pour s’établir en Asie, on peut prendre pour exemple les Arméniens chez lesquels R1b est prédominant. Quant à leur ethnonyme, il est à mettre en relation avec celui des Aroumains dont le nom est parfois orthographié Armãnii en aroumain. Les Arméniens se nomment eux-mêmes "Hay", pourrait-on alors avancer que le nom des Proto-Roumains, c'est-à-dire des Daces et de leurs probables expatriés Dahae serait la source de l'endonyme des Arméniens ? De même que le peuple Hayasa-Azzi nous confirmerait que les Proto-Arméniens se seraient fusionnés avec les Hattis ou Azzi (Asie désignant alors la Turquie) qui seraient peut-être des Assyriens ou même des Proto-Azéris, ils seraient alors originellement apparentés aux Hittites (conquérants des Hattis) et autres peuples anatoliens comme les Louvites et les Palaïtes.

Une culture, le Trialétien sis en Arménie et dans les contrées avoisinantes date de la même époque que le PPNB et est subséquent à l'Azilien, ce qui contribue à conjecturer qu'une importante vague de peuplement proto-gauloise s'est déplacée de l'Europe vers l'Anatolie et le sud du Caucase, puis plus au sud vers le Proche-Orient dès le début du Mésolithique européen. Par ailleurs, il est tout à fait plausible que les Arméniens aient été l'une des composantes des peuples de Sumer.

Le Néolithique est généralement vu comme une révolution des mœurs et coutumes mais aussi une période amenant des invasions se concluant par un remplacement des populations de chasseurs-cueilleurs par des agriculteurs-éleveurs. Rien ne le prouve, tout au plus y a-t-il eu une vague d'importance plutôt négligeable s’établissant sur les côtes méditerranéennes en provenance des régions phéniciennes et des rives de la mer de Marmara, la culture de la céramique cardiale et la culture de Stentinello qui lui succède principalement en Italie ne trahissant pas une poterie aux origines levantines. Il n’y a cependant pas de preuves de génocides, de catastrophes naturelles ou de pandémie qui n’aurait profité qu’aux nouveaux arrivants. L’haplogroupe J2 semble celui qu’a transmis des hommes du Proche-Orient durant le Néolithique. En Europe, il n'abonde que sur les îles de la Méditerranée (Chypre, Crête, Malte, Sicile, Corse) de même qu'en Albanie, dans le  Péloponnèse et dans la péninsule italienne.


La proto-écriture

Ce n’est que vers la fin du VIIe millénaire avant notre ère que s’amorce un changement notable des mœurs sur le continent européen alors que dans le sud des Balkans et de l’Italie s’établissent en provenance de ce qui deviendra la Phénicie (plus tard essentiellement le Liban) des populations avec un nouveau mode de vie. C’est l’arrivée d’un nouvel âge, le Néolithique, avec ses éleveurs de brebis et les déboisements des forêts pour faire place aux champs de céréales, comme l’orge et le blé ainsi que les poteries d'argiles pour les conserver. Se développe alors d’une part, la culture de la céramique cardiale, essentiellement près des côtes de la Méditerranée et, d’autre part, la culture à céramique linéaire ou le Rubané, développé principalement en Europe centrale. Toutefois, dans les Balkans (en Serbie et dans les contrées voisines) s'épanouit une culture néolithique qui les précède, la culture de Starcevo, celle-ci va par la suite donner naissance à une autre culture qui apportera quelque chose de tout nouveau, la proto-écriture.

C’est effectivement vers -5 000 que les premières tablettes en terre cuite comportant des symboles ont été produites. Elles proviennent de la culture de Turdaș-Vinča. Ce ne sont pas les plus anciens signes ou symboles connus puisqu’il en a été découverts sur des parois des grottes de la France et de l'Espagne, parfois vieilles de plus de 30 000 ans, mais ceux-là sont plutôt isolés alors que les symboles qui figurent sur les tablettes sont groupés, ils ont donc une organisation qui devait permettre d’exprimer une idée, une action. La communauté scientifique continue malgré tout à nier que ces écritures seraient plus âgés que les tablettes sumériennes ou même de les considérer comme des écrits. Que dire alors des tablettes de Glozel qui mériteraient une plus grande reconnaissance puisqu'elles pourraient même être plus anciennes de quelques milliers d'années que les tablettes de Tărtăria...

Langues parlées en Europe vers -4 500

Territoires approximatifs des groupes de langues parlées vers 4 500 av. J.C.


Origine latine des langues romanes… pas tout à fait

Les langues romanes au premier abord ont un vocabulaire qui se compare au latin, d’où il est facile de prétendre qu’elles en tirent leur origine. Si cependant on prend le temps de comparer la grammaire latine à celles des langues romanes, il devient beaucoup moins sûr que le latin soit directement impliqué dans la formation de ces langues, et comme les éléments de grammaire sont ce qui rend un idiome intelligible, on peut se poser la question ; pourquoi les langues dites latines (peut-être à l'exception du roumain) ont toutes une grammaire similaire entre elles mais bien distincte de celle du latin ?

Chez les langues romanes, l’absence ; du genre grammatical neutre*, du système casuel, du supin, du verbe déponent, du participe futur et des infinitifs futur et imparfait, leur typologie syntaxique modifiée, leur bouleversement phonétique, l’apparition ; du pluriel en ‘’i ‘’ou en ‘’s’’, des articles, du conditionnel, de l’adverbialisation en ‘’ment (e)’’ , etc. sont des caractéristiques qui démontrent qu’il est à peu près impossible que le latin ait été transformé aussi rapidement qu’en quelques siècles tout en demeurant compréhensible. Il est tout aussi improbable que le latin se soit répandu aussi rapidement sur un aussi grand territoire que presque toute l’Europe de l’ouest en faisant quasi disparaître les langues qui l’ont précédé à une époque où les gens n’allaient pas à l’école ou très peu et qu’ils habitaient des régions éloignées et parfois isolées... À remarquer que plusieurs des éléments grammaticaux ci-haut mentionnés sont utilisés dans les différents groupes de l'indo-européen autres que les langues romanes. En matière de langues indo-européennes, il serait permis d'affirmer que tous les chemins mènent au latin... mais de loin ! Le proto-indo-européen reconstitué est par ailleurs très apparenté aux langues italo-celtiques.

*Les langues sémitiques ont également deux genres grammaticaux. Comme l’Aurignacien qui a précédé le Gravettien est une culture originaire du Levant où ces langues sont parlées, on peut se demander si ce ne sont pas ces Aurignaciens qui auraient favorisé l'implantation des deux genres grammaticaux (masculin et féminin) puisque dans le prédécesseur basque il n’y en a pas. À remarquer que les langues celtiques comme les langues romanes ne comportent que deux genres grammaticaux. Le celtique l'aurait-il transmis au roman ? On peut le croire, quand on sait que cette caractéristique est assez unique chez les langues indo-européennes.

Mais alors que s’est-il passé? D’où viendrait le latin ? L’archéologie nous fournit une part de la réponse. Au cours du IIe millénaire, se produisit une transformation dans les Balkans lorsque suite à la disparition de la culture de Vučedol des populations commencèrent à traverser l’Adriatique pour s’installer dans la péninsule italienne, la culture de Cetina nous permet de retracer ce mouvement de population sur toute la côte orientale de la péninsule mais de façon plus importante vers les Pouilles.

Cette région se trouve alors subdivisée en trois sous-régions, la Messapie au sud, la Peucétie au centre et la Daunie au nord. La langue des Messapiens nous est mieux connue grâce à son corpus plus important, elle aurait des affinités avec la langue des Albanais. Quant aux Peucètes, il y avait un peuple ayant un ethnonyme semblable, les Peucetioe qui habitaient la Liburnie maintenant en Croatie. Il reste le nord, anciennement appelée la Capitanate, elle était occupée par la nation des Dauniens. Il est beaucoup moins certain que les habitants des deux dernières tribus aient été des locuteurs du messapien étant donné que les inscriptions retrouvées de cette langue sur leur territoire sont beaucoup plus rares. Par ailleurs, il y avait un peuple moins connu qui habitait le nord du Latium, les Capénates, un nom à rapprocher de Capitanate. Dans le Latium, Ardea autrefois la capitale des Rutules portait un nom dont on ne peut s’empêcher de le comparer à celui des Ardiéens, un puissant peuple de l‘Illyrie qui aurait fait partie de la culture de Glasinac de laquelle on a également retrouvé des artefacts dans le Latium et la Toscane. Il existe plusieurs autres correspondances de ce genre, comme l’une des trois tribus primitives de la Rome antique qui était connue sous le nom des Luceres, tandis qu’une commune de la province de Foggia dans les Pouilles se nomme Lucera.

Dans l’Énéide de Virgile, le roi des Rutules est appelé Daunus. Certains témoignages antiques, tels que ceux du Pseudo-Scylax et de Lycophron soulèvent la présence de Dauniens jusque sur les côtes de la mer Tyrrhénienne et dans le Latium. Ils auraient traversé le territoire des Samnites avant l’arrivée de ceux-ci poussés par la pratique religieuse du ver sacrum de leurs ancêtres SabinsPour ce qui est des Latins, l’histoire relatée par Pline l’Ancien nous précise que les Latinienses ou Prisci Latini ‘’premiers Latins’’ étaient l’un des trente peuples albains de l’Italie pré-romaine. De plus, Latinus est le roi mythique des autochtones qui a accueilli Énée après la guerre de Troie. Ainsi, on peut en arriver à conclure que les Dauniens aurait pu être assimilés aux Latins. Alors il est à se demander; mais quelle était la langue des Latins primitifs, était-ce bien le latin ?

Les Latins, comme la plupart des peuples de l’Europe occidentale, soit ceux de la péninsule ibérique, de la Gaule et même de l’Italie, faisaient partie des tribus proto-celtiques. En fait, ‘’Celtes’’ ne désignaient pas des locuteurs d’une langue mais bien les instigateurs d’une culture issue d’Europe centrale, laquelle était subdivisée dans un premier temps en Hallstatt (ou premier âge du fer) provenant des Celtes authentiques qui sont du fait des Germains méridionaux avec leurs cavaleries, suivi par un deuxième âge, celui de La Tène, d'influence celtique, sans cavalerie dans les nouvelles régions celtiques qui n'étaient pas hallstatiennes. Les plus anciens auteurs antiques n'avaient pas les connaissances pour  distinguer les tribus de langues germaniques des tribus de langues gauloises. Donc, ces Proto-Celtes, que ce soit les Osco-Ombriens d’Italie, les Gaulois de France, les Celtibères d’Espagne ou les Lusitaniens du Portugal parlaient assurément une langue plutôt homogène issue des premiers Indo-Européens venus de leur lieu d’origine, vraisemblablement les Balkans, plusieurs millénaires auparavant. En fait, il ne devait pas y avoir plus de distinctions entre le gaulois et l'osco-ombrien de l'Antiquité qu'entre le français et l'italien d'aujourd'hui. 

La linguistique nous suggère que les langues italiques et ‘’celtiques’’ ont des affinités qu’on ne retrouve dans aucun autre des groupes de l’indo-européen (voir italo-celtique), ceci s’explique donc clairement que d’une seule manière, c’est que la première vague d’Indo-Européens qui immigrent en Europe occidentale, ont vu leur langue d’origine être altérée par le substrat pour devenir ce qu’on appellerait le proto-celtique (ou mieux; le ligure**) qui se subdivisera en celtique insulaire (gaélique et brittonique) séparé très tôt du celtique continental (lusitanien, celtibère, gaulois et osco-ombrien). Alors que beaucoup plus tard une seconde vague d’Indo-Européens proviendra de la même région que la première mais ayant toutefois gardé une langue sans altération ou avec très peu. Les langues de cette seconde vague sont celles qu’on a qualifié par manque de connaissances de latino-falisques, ce sont des langues plus archaïques. 

**Les Ligures était selon un fragment des catalogues d’Hésiode, cité par Strabon, l’un des trois grands peuples barbares aux côtés des Éthiopiens et des Scythes. Quelques siècles plus tard, Éphore de Cumes remplacera simplement les Ligures par les Celtes aux côtés des Éthiopiens, des Scythes et des Indiens.

Les Romains comme également les véritables Latins ne parlaient donc pas le latin (qui est en fait le daunien) mais plus assurément l’ombrien ‘’latinisé’’ (ou plus précisément daunienisé) qu’on nommera latin vulgaire, une appellation relativement récente sans trop en connaître le contenu et la provenance qui était plutôt sermo uulgaris signifiant ''langage populaire'' pour les habitants de l'Antiquité mais qui n'est autre que le gallo-roman. C’est donc la raison pour laquelle l’italien ressemble au français et aux autres langues romanes puisqu'elles sont de même nature et ont aussi été ‘’latinisées’’ ultérieurement. Par ailleurs, le mot ‘’latin’’ s’explique mieux par le ''celtique'' lato (ardeur, fureur) ou par latis (héros) que par le ''latin'' latus (large ?). Somme toute, le latin ou plutôt le daunien aurait d'abord été intégré sans trop de difficultés chez les peuples proto-celtiques d'Italie pour une raison majeure, c'est une langue importée dont le prestige de la naissance de l'écrit s'est produit en Italie, d'autant plus que sa similarité avec les langues celtiques ou proto-romanes aurait facilité les emprunts lexicaux pour lesquels généralement l'adoption des formes ''latines'' plutôt que ''celtique'' a permis une standardisation du ''latin'' seule langue écrite d'Europe, hormis le grec plus distant.

D’un autre côté, on peut se demander comment le roumain, une langue dite latine s’est implantée en Moldavie quand l’Empire romain n’a jamais pu s’y enraciner ! Or, c’est probablement l’inverse qui s’est produit; le nom même ''Romain'' tirerait son origine de celui de Roumain et Aroumain. La Roumanie et la Moldavie sont originellement ''latines'' et auraient subi une proto-celtisation avec le passage d'une importante vague de Cimmériens, de Tokhariens, de Hittites et autres Anatoliens.

En somme, le latin d'une part, les langues proto-romanes et ''celtiques'' d'autre part, ont évoluées parallèlement, toutes issues d'une même langue originaire des Balkans dont le rameau romano-celtique est le résultat du détachement s'étant produit il y a plusieurs millénaires, probablement lors de la principale invasion indo-européenne, celle du Gravettien. À son tour, l'apparition de la Manche séparera les dialectes ce qui engendrera certaines distinctions entre les parlers de l'ouest des Îles britanniques (que je préférerais appeler gaélo-brittoniques) et les idiomes de la majeure partie de l'Europe occidentale, les langues proto-romanes dites celtiques continentales.


Un peuple de Thrace, les Étrusques

Les Étrusques occupent une place importante dans l’histoire de l’Italie. Durant la période monarchique qui a suivi la fondation de Rome, quelques rois étrusques ont par ailleurs régné sur la ville éternelle. Il est à remarquer que le nom de ce peuple n’est pas étranger à celui d’une région à la frontière de l’Europe, la Thrace. L’un des peuples de la mer, appelé les Teresh, est aussi apparenté à la fois aux noms de la Thrace, de Tyr et des Étrusques. Les peuples de la mer ont déferlé sur la Méditerranée durant la fin de l’Âge du bronze et incidemment il est généralement accepté que les Étrusques soient arrivés en Italie pendant cette même période. L’île de Lemnos située à la frontière de la mer de Thrace, a révélé des inscriptions sur une stèle funéraire et sur de la poterie qui sont étroitement liées à ce qu'on connaît de l’étrusque. À proximité, la légendaire cité antique de Troie était, selon la mythologie, originellement associée à un autre des peuples de la mer, les Teucriens ou Tjeker, puisque Teucros leur roi éponyme aurait été le premier a régné sur la Troade avant la fondation de Troie. Énée dont la tradition en fait le fondateur de Lavinium (non loin de Rome) est d'autre part l'un des héros de la guerre de Troie.

Quant à la mythologie grecque, elle nous révèle que Cadmos, originaire de Phénicie (la majeure partie du Liban moderne) aurait été envoyé à la recherche d'Europe (sa sœur) par son père Agénor, roi de Tyr, et il décida de s'établir en Thrace avec sa mère Théléphassa, qui à sa mort y fut enterrée. Il faut aussi savoir que les Étrusques étaient appelés Tyrrhéniens par les Grecs de l'Antiquité, d'où également la mer Tyrrhénienne, littéralement ''la mer étrusque''. Quant aux Tartessiens, les habitants du sud-ouest de l'Ibérie, il est possible que leur nom par métathèse ait été à l'origine T(h)rassetiens.

Migrations au IIe millénaire avant notre ère

Les Balkans, pivot de la protohistoire européenne

L’arrivée dans les Balkans des Doriens provoquera des mouvements de population qui fera sentir ses effets autour de la Mer Égée (Grèce et Anatolie) vers 1 200 ans av. J.C. Du côté de la génétique, l’haplogroupe I1 nous suggère qu’un peuple du nord se fraient un chemin vers la Grèce. Si l’on ajoute que l’un des forts de l’époque romaine près du village actuel de Dalj en Croatie se nommait Teutoburgium, un nom typiquement germanique, et que l'on mentionne aussi la découverte des casques de Negau (Negova) en Slovénie, dont l’un d’eux comporte une écriture nord-étrusque en langue germanique archaïque, il ne faudrait alors pas négliger qu’il est assez concluant que des locuteurs germaniques à une époque plus ancienne que ce qui est généralement admis aient migré vers les Balkans. Quant à la Slovénie, elle aurait déjà été habitée par des Slaves, soient les Vénètes, apparentés aux Wendes et Antes selon ce que révèle la génétique des Slovènes contemporains dont l'haplogroupe le plus courant est le R1a - M558 tout comme les peuples primitifs de la Hongrie, parmi lesquels les Iazyges. Les Vénètes pouvaient donc comporter aussi une souche indo-iranienne.

Du point de vue culturel, la culture de Vatin (-2 000 à -1 200) et les Scordisques que Tite-Live apparentent aux Bastarnes, ont en commun qu’ils occupaient les rives du Danube moyen et ses terres adjacentes. La culture de Belegiš remplacera la culture précédente, elle est suivie par la culture de Paraćin un peu plus au sud, puis nous aboutissons sur une autre culture encore plus au sud, celle de Brnjica au temps des ‘’siècles obscurs’’. Toutes ces entités culturelles qui se succèdent ont en commun la pratique de la crémation. C’est probablement cette progression vers le sud des peuples du nord qui a poussé entre autres les Dauniens et les Peucètes à traverser l’Adriatique pour s’installer parmi les Latins et autres peuples Osco-Ombriens et y importer la pratique de la crémation qu’ils auraient eux-mêmes précédemment intégrés à leurs coutumes au contact des Scordisques et autres tribus germano-celtiques.

Il est important de distinguer certaines confédérations du monde antique. Par exemple, il faut différencier les Gètes des Daces ou des Thraces. En effet, il convient d’associer plutôt les Gètes aux Goths, c’est ce que nous incite autant la génétique que l’étymologie des deux ethnonymes. D’autres nations plus à l’est, les Tyragètes et les Massagètes seraient issus des Gètes et comme pour les peuples germaniques il y a une incidence plus élevée de l’haplogroupe I (I2a2) dans les régions habitées par ces peuples.

Une peuplade, celle des Triballes semble avoir été des Slaves et les premiers de ce groupe à s’implanter dans les Balkans puisque la génétique des populations actuelles de langues slaves montre que l’haplogroupe R1a – M458 et les sites des Triballes se confondent. L’haplogroupe R1a est de loin le plus commun des nations balto-slaves.

Les Tsiganes, d'où viennent-ils ?

Un groupe ethnique qui demeure mystérieux aux yeux de plusieurs sont les Tsiganes (Roms, Gitans, Bohémiens, gens du voyage, Manouches, Romanichels, Sintés,...). Dans l’Antiquité, il y avait déjà les Sigynnes qui vivaient de la même façon selon les anciens Grecs. Ils auraient pu avoir suivi les traces des peuples sarmates comme les Iazyges et les Roxolans qui se sont installés en Hongrie et en Roumanie avant l'émergence de l'Empire romain.

Ils ont plusieurs noms mais l'un d'entre eux mérite une attention particulière; ceux qu'on appelle Calé en Espagne apparaît sous différentes variantes dans des endroits aussi éloignés que la Finlande et la Suède où ils sont connus sous le nom de Kaale, que du pays de Galles où l'on utilise la dénomination Kale ou Kalá, tandis que dans les pays d'Europe de l'est comme la Pologne, l'Ukraine, la Moldavie et la Roumanie on emploie Kalderash pour désigner certains d'entre eux (ferblantiers, bricoleurs). Tous ces noms s'approchent étonnamment de celui de Kalash, un peuple du Chitral dans le nord-ouest du Pakistan, parmi lesquels l'haplogroupe L montre l'une de ses plus importantes concentrations dans le monde. Il y a également Sinti utilisé en Allemagne qui rappelle la région de Sind au coeur de la civilisation harappéenne. Ils pourraient donc venir du Pakistan à la suite d'une expulsion de la part des Harappéens de la civilisation de la vallée de l’Indu. Ils auraient d'abord été de l’haplogroupe L mais leur langue originelle se serait perdue conséquemment à leur assimilation aux dialectes indo-iraniens, à moins que le Nihali en soit le résidu.

Les Belges antiques dans la genèse du français

Comme pour les cas précédents, il faut remonter plus loin dans le temps que ce qui nous est généralement proposé pour avoir une véritable idée des origines du français. C’est après la dernière période glaciaire, alors que les plaines du nord de l’Europe deviennent accessibles et habitables que des Indo-Européens réfugiés dans le sud-ouest de la France franchissent la Seine, pendant que d’autres poursuivent vers le Rhin, puis un dernier groupe se rend même jusque dans le sud de la Pologne (Galicie). C’est la période du Magdalénien qui donnera ensuite naissance à l’Azilien et aux groupes à Federmesser. Les pointes aziliennes se généralisent alors dans l’ouest européen et dans une partie du centre de l’Europe, elles sont étroitement liées aux territoires reconnus comme étant plus tard de langues dites celtiques.

D’autre part, comme ce le fut aussi pour les îles Britanniques, à la même époque une autre culture sera en concurrence dans les forêts et terres laissées vacantes pendant le dernier maximum glaciaire. Elle a pour point de départ la culture proto-germanique de Hambourg avec ses pointes à cran qui évoluera vers l'Ahrensbourgien (nord de l’Allemagne, Pays-Bas, sud de l’Angleterre, Belgique et une partie de la Pologne). Peut-on y voir la rivalité que relate la mythologie nordique mettant en exergue les Ases et les Vanes ? La culture d’Ahrensbourg va ensuite contribuer à la formation d’une autre entité culturelle qui s’étendra jusqu'au nord des Alpes, soit le Beuronien, qui se répand autant vers le nord-ouest européen que près de la mer Noire (nord-ouest pontique) où dans les deux cas on l'appelle Tardenoisien. Cette culture s’émancipera dans des régions abandonnées pendant la glaciation, c’est-à-dire le sud de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, la Suisse ainsi qu'entre la Seine et le Rhin. C'est dans cette dernière région qu'au Néolithique des Proto-Germains (culture rubanée) poussés par la recherche de terres agricoles viendront se mêler à des Proto-Gaulois pour former la confédération des Belges. L'influence se fera sentir jusqu'à la Loire et on y reconnaîtra à peu de choses près les frontières linguistiques des langues d'oïl depuis les cultures qui suivront; groupe de Villeneuve-Saint-Germain, culture de Cerny, Chasséen septentrional, culture Seine-Oise-Marne,...

Tout porte à croire que la Thuringe était le berceau des Proto-Germains où l'un des peuples, les Turones, y aurait vécu. Chez les Goths il y avait aussi les Tervinges, un ethnonyme apparenté. La racine de ce nom se serait transmise surtout vers le sud, Zurich par exemple s'appelait Turicum dans les temps anciens. La ville de Turin aurait probablement des origines germaniques selon sa dénomination et de ce qu'on retrace de la génétique de ses habitants. Les Tulinges, un peuple du sud de la Germanie ont accompagné les Helvètes dans leur migration vers la Gaule, et des tribus, entre autres les Tugènes, les Tigurins et les Verbigènes se sont mêlés à de nouveaux arrivants germaniques venus du nord pour donner naissance à la confédération des Helvètes, dont la culture était hallstatienne et dont le nom est apparenté à celui des Helvécones, un peuple germanique. À proximité, les Allobroges étaient des immigrants selon l'étymologie de leur ethnonyme. Par ailleurs, il y avait un bourg dont le nom ''Bergentrum'' (aujourd'hui Bourg-Saint-Maurice) ne trahit pas une racine d'origine germanique. La génétique des résidents de cette région ouest-alpine les lie en partie à l'haplogroupe I2a2 qui s'étire jusqu'à la Thuringe où il atteint sa densité maximale. Les zones linguistiques de la Suisse auraient peu changé depuis au moins l'Antiquité. Au Moyen-âge, les Burgondes ont hérité des régions de langues romanes tandis que les Alamans possédaient le reste, soit les régions de langues germaniques.

Si au départ les Belges occupaient approximativement les territoires entre le Rhin et la Seine, déjà, quand les Romains font la conquête de la Gaule, des Belges s’étaient étendus jusqu’à la Loire même si César n’en fait pas mention dans sa ‘’Guerre des Gaules’’ (58 à 51 av. J.C.), la raison étant qu’il n’ira pas lui-même faire connaissance des tribus du nord-ouest de la Gaule, il y envoie plutôt ses légats en mission pour les combattre. Ainsi, les différents peuples Aulerques ; Éburovices, Cénomans, Diablintes et Brannovices provenaient selon toute vraisemblance des régions avoisinantes de la Belgique. ‘’Aulerques’’ signifiant ‘’loin de leur trace’’, ou bien simplement ‘’au large’’, quant à la seconde partie, Éburovices par exemple est sans doute apparenté aux Éburons, un peuple de Gaule belgique, alors que Cénomans pourrait être en relation avec les Sénons, un autre peuple de la Gaule Belgique. Les deux ont par ailleurs envahi le nord de l’Italie dans ce qui deviendra la Gaule cisalpine. Les Aulerques étaient essentiellement concentrés autour et dans la province du Maine, le nom de celle-ci étant issu des Cénomans qui habitaient sa partie orientale, alors que les Diablintes étaient du côté occidental de cette même province. Ils auraient produit respectivement le parler sarthois et le mayennais, des patois latino-belges qui ont conservé de nombreux phonèmes de l'ancien français. Peut-être étaient-il en lien avec les enclos belges ou picards, des sanctuaires qui démontrent qu'au cours des derniers siècles avant notre ère il y a eu des guerres sanglantes dans le nord de la Gaule.

On mentionne souvent la confédération des Francs comme étant à l’origine du caractère germanique du français mais ce regroupement n’a été formé qu’à partir du IIIe siècle. Quelques siècles auparavant, des Cimbres et des Teutons, alors appelés Germains cisrhénans, se réfugièrent dans le Limbourg et ses environs après avoir tenté des invasions dans l'Empire romain lors de la guerre des Cimbres, selon ce que nous rapporte Jules César. Ils prirent ensuite le nom d'Atuatuques, un ethnonyme qui se rapproche étrangement de Tuatha Dé Danann de la mythologie irlandaise. Il est possible que les Cimbres soient originaires de la Gaule belgique, le nom de leurs rois ayant une consonnance gauloise. Il est également concevable de voir une immigration de leurs ancêtres vers le Chersonèse cimbrique pour y importer la tradition mégalithique. Les Cimmériens pourraient leur être apparentés, ils auraient aussi amené avec eux les techniques pour ériger les mégalithes de la mer Noire. D'autre part, les Gallois se nomment eux-mêmes Cymru dans leur langue, la filiation est remarquable. Ayant été repoussés par les Romains, les Teutons, les Cimbres et les Ambrons vont ensuite changer de nom pour celui de Tongres lorsqu'ils s’allient à des nouveaux venus germaniques, parmi lesquels les Sicambres qui ont déjà donné du fils à retordre aux troupes romaines. Les Sicambres pourraient provenir des Ambrons qui ont participé à la guerre des Cimbres et dont l'origine du nom serait en lien avec les rives de la rivière Emmer, anciennement Ambriuna, en Allemagne. La première partie de leur ethnonyme Sic- ou Sig- fait allusion à la rivière Sieg d'où l'on retrace leur présence. Ces Germains (appelés Lètes, du germanique lātaz, ''lâchés'', ''affranchis'' d'où ensuite ''franc'') embauchés par Rome sont essentiellement installés près des frontières (comme sur les rives du Rhin) pour défendre l'Empire.

Les Belges quant à eux, possédaient bien auparavant leur identité et une langue qui les distinguaient des Gaulois plus au sud, bien que les deux peuples aient été qualifiés de gaulois (un peu à la manière du français et de l’occitan mais inversement les locuteurs de ce dernier étant indifféremment désignés sous le nom de Français). La langue française vient à la base de ces Belges qui parlaient une langue gauloise différente*, déjà dénotée par Jules César. Leur langue est en fait un ensemble de dialectes qui s'étendent au-delà de la Loire en évoluant vers les langues d'oïl dont on en redécouvre des caractéristiques jusqu'en Amérique francophone. Ce n'est néanmoins qu'après la Révolution française que les langues d'oïl céderont peu à peu le pas à une variété de l'Île de France dont le sociolecte en usage par sa bourgeoisie (substituée à la noblesse) servira en quelque sorte à normaliser la langue ayant déjà reçu une appellation en relation avec l'origine de ses monarques; le français. Quant à l'écrit, ce n'est qu'en 1539 par l'ordonnance de Villers-Cotterêts que la France cesse d'utiliser officiellement une langue étrangère, le latin, le but est de rendre plus accessible à la population la lecture des documents juridiques de l'administration publique. Bien auparavant, au concile de Tours en 813, les langues ''rustiques'', c'est-à-dire les langues vulgaires sont imposées par Charlemagne pour l'expression des homélies, ceci avec le même objectif de les rendre compréhensible par tous.

*Certains auteurs plus près de notre époque ont noté cette dissonance dont Bernard Adolphe Granier de Cassagnac qui a écrit il y a plus d’un siècle et demi ‘’Antiquité des patois: Antériorité de la langue française sur le latin’’. L’auteur Yves Cortez nous a pour sa part livré en 2007 le bouquin suivant ‘’Le français ne vient pas du latin ! Essai sur une aberration linguistique’’.