L’haplogroupe du chromosome Y le plus fréquent en Europe est l'haplogroupe R, il est subdivisé en R1b à l’ouest et en R1a à l’est. Il ne serait pas originaire du continent européen, mais plutôt de l’Asie où on le trouve aussi en importante densité. Il a en effet été reconnu ces dernières années par un généticien pakistanais que c’est chez les Basques que la génétique des Bourouchos offre le plus de similarités. Les Bourouchos, un peuple du nord du Pakistan, montrent une grande variété de l’haplogroupe R, alors que les Basques possèdent la plus importante concentration du R1. Ce même haplogroupe R s’est répandu jusque dans le nord-est de l’Amérique où les peuples algonquiens en sont essentiellement les porteurs. Ils auraient pris avantage des banquises du dernier maximum glaciaire pour traverser l'Atlantique, il y a donc plus de 20 000 ans, bien que l’Amérique aurait d'abord été habitée par un premier groupe associé à l’haplogroupe Q, présent sur ce continent depuis au moins 100 000 ans auparavant. Cet haplogroupe Q qu'on retrouve également chez les populations de certaines régions longeant le fleuve Ienisseï en Sibérie est le plus commun parmi les autochtones d'Amérique. Il est important de comprendre qu'en génétique, contrairement à ce qui est encore généralement entendu, plus un haplogroupe sur un territoire donné est ancien et plus il a eu le temps de se propager dans la population de référence.
L'archéologie nous fournit la preuve que la vie humaine est présente au nord de l'Inde et au nord du Pakistan depuis 1,9 à plus de 2,7 millions d'années. Les sites de Riwat au Pakistan et de Masol en Inde ont en effet révélé des traces de découpes sur des os d'animaux de même que des galets aménagés de type Oldowayen datant de cette période. Ce sont parmi les plus anciens du monde.
Du point de vue linguistique, le bourouchaski et le basque présentent des traits communs
parfois rares malgré la grande distance entre les deux ainsi que la période très ancienne (Paléolithique inférieur) durant laquelle je suggère leur séparation, par exemple ce sont deux langues ergatives, à la numération
vigésimale et les deux sont de typologie syntaxique SOV (sujet-objet-verbe). Les traits
grammaticaux sont généralement ce qui est le moins altéré au fil du temps dans une
langue en contact avec d’autres.
On ne peut qu’arriver à conjecturer que les ancêtres des Basques représenteraient le plus
ancien peuple à s’être répandu en Europe, bien avant ce qu’on nous suggère, leur
haplogroupe R prépondérant en témoignerait, de même que l'hydronymie européenne*. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils ont été les premiers à occuper une portion du continent.
*La toponymie de l'Europe compterait d'innombrables noms de cours d'eau qualifiés de pré-indo-européens (pré-celtique, pré-germanique et pré-slave) se déclinant par exemple comme suit : Ise, Ik, Isch, IJse, IJssel, Isel, Isère, Yser, Oise, Voueize, Wiese, Ouysse, Wiske, Iskar, Isar, Isarco, Jizera, Usora, Ésera, Weser, Vézère, Vishera, Eure, Our, Ourcq, Orco, Orge, Ource, Ourse, Ourthe, Oust, Ouse, Ousse, Ouche, Aso, Ausa, Ose, Osse, Oufa, Oka, Usa, Uzh, Ash, Asseen, Aa, Yeo, Eo, Ouï, Uy, Aï, Eea, Eau, Aar, Ara, Aare, Aer, Ahr, Ayr, Yar, Yare, Aire, Yerres, Yères, Eyre, Era, Erro, Ur, Ure, Urr, Ury, Aray, Aure, Auroue, Oria, Ohre, Ore, Oare, Var, Vara, Viar, Viaur, Vire, Vère, Voire, Voer, Wear, Werra,... tout comme les toponymes Orsay, Orce, Orcq, Ossé, Ossès, Ussac, etc. dérivant d'anciennes racines basques donnant aujourd'hui erreka « ruisseau », isuri « couler » ou « verser », ainsi qu'ur « eau ».
En ce qui concerne le nom des Basques, il se retrouve sur des distances très éloignées parrapport aux flancs des Pyrénées où ils résident de nos jours. Par exemple, les Bachkirs en Russie ontnon seulement une génétique analogue à celle des Basques avec l’haplogroupe R1b, ce qui est exceptionnel sur cette partie du globe, maistout comme dans la région franco-cantabre on y retrouve chez eux de l’art pariétal, entreles deux régions il n’y a que la Roumanie qui a révélé quelques œuvres du même genre, et peut-être aussi le Val Camonica où l'art rupestre est cependant beaucoup plus récent (Mésolithique). Les Camunnes du Val Camonica tout comme leurs voisins rhètes, les Isarces, étaient vraisemblablement d'origine ibérique** telle que semblent l'indiquer soit leur génétique (avec l'une des plus importantes concentrations du R1b - S28) ou soit l'étymologie de leur ethnonyme (voir Isar plus haut dans hydronymie européenne). R1b se rencontre aussi chez les Bakhtiari en Iran (desquels on peut sedemander si l'élamite n'était pas leur langue), ainsi que dans les régions occidentales de la Bactrie historique, surtout vers la Margiane.
**Ibères et Basques sont sans doute de même origine, c'est ce que suggère ce qu'on connaît des mots courants tels que ceux de la numération de l'ibère et du proto-basque.
Des Basques semblent donc avoir quitté l’Europe pour retourner vers l’est, les datations des vestiges de la culture rostamienne en Iran et de la grotte de Kapova en Bachkirie concordent avec le début du Paléolithique supérieur. Il est donc possible qu’à l’arrivée consécutive de peuples proto-somalis de la corne de l’Afrique (haplogroupe T, Uluzzien), des Indo-Européens des Balkans (haplogroupe I, cultures de transition) puis de peuples proto-sémitiques du Levant (haplogroupe J, Aurignacien) ils aient fuient l’Europe dans différentes directions vers des contrées moins convoitées. Ils auraient par ailleurs fait une incursion là où sont parlées aujourd’hui les langues tchadiques en Afrique, où on y retrouve de nos jours une forte concentration de l'haplogroupe R1b, peut-être en lien avec l'Atérien, une culture répandue jusque sur les rives du lac Tchad.